Loi sur la protection du climat

La Neuveville, juin 2023

Le besoin énergétique nécessaire avec une pompe à chaleur ou une voiture électrique est plus de trois fois moins important qu’avec une chaudière au mazout ou une voiture thermique. A puissance égale, le rendement d’un moteur électrique est au moins trois fois meilleur qu’un moteur thermique (et parfois même plus).

Pour 3 kWh d’énergie pétrole dans un chauffage ou une voiture, il ne faut plus que 1 kWh d’énergie électrique. Et en y mettant plus de sobriété (isolation des bâtiments, voitures mieux dimensionnées au besoin réel, covoiturage, développement des transports publics et de la mobilité douce), il est possible, sans perdre en qualité de vie (bien au contraire) de diminuer nos dépenses énergétiques d’un facteur supplémentaire de 3 à 10 !

Exemple de consommation énergétique basé sur ma propre expérience 2017-2023 (avant + après) :

Chauffage par chaudière au mazout dans notre ancienne maison non isolée :3000 litres par an soit30’000 kWh
Chauffage par pompe à chaleur (PAC) dans cette maison mais non isolée (déconseillée) :10’000 kWh 
Chauffage par pompe à chaleur (PAC) dans notre nouvelle maison isolée et même agrandie : 1’300 kWh
   
Notre ancienne voiture thermique de 1640 kg / 130 kW (20’000 km/an à 8lt/100km)1600 litres par an soit16’000 kWh
Notre nouvelle voiture électrique de 1600 kg / 80 kW (20’000 km/an à 15kWh/100km) 3’000 kWh
   
Total chauffage + voiture avec énergies fossiles (mazout + diesel) : 46’000 kWh
Total chauffage + voiture avec énergies renouvelables (électricité hydraulique/solaire) : 4’300 kWh

Avec une installation solaire sur le toit (dans notre cas 50m2 de panneaux photovoltaïques produisant 10’000 kWh/an) une partie de ces 4’300 kWh (env. 1/3) peut être fournie sur place afin de limiter le besoin d’utilisation du réseau de distribution électrique public.

Quelques équivalences énergétiques :

1 litre de pétrole (essence, mazout, kérosène)= 10 kWh d’énergie thermique
≈ 3 à 4 kWh d’énergie mécanique en passant dans un moteur
= 36’000’000 joules
1 kW = 1000 W (puissance)= 1.35984 CV (cheval-vapeur)
1 joule (quantité)= 0.23885 calorie (c) = 0.000239 kilocalorie (C)
énergie fournie par 1 watt pendant 1 seconde
1 Wh= 3600 joules
1 kWh= 1000 Wh
1 MWh= 1000 kWh
1 GWh= 1000 MWh = 1 mio de kWh
1 TWh= 1000 GWh = 1 mia de kWh = 3600 TJ
1 PWh= 1000 TWh

La consommation finale totale d’énergie en Suisse est de 221 TWh (pour 2021) répartit comme suit selon les sources :

96 TWh de pétrole43%Provenance du brut : Nigeria (39%), Etats-Unis (32%), Libye (25%). La raffinerie de Cressier NE (seule en Suisse) couvre un quart des besoins. Les produits finis sont presque exclusivement importés de l’espace européen, en premier lieu d’Allemagne.
58 TWh d’électricité26%Provenance : centrales hydrauliques (62%), centrales nucléaires (29%), centrales thermiques conventionnelles et installations d’énergies renouvelables (9%).
34 TWh de gaz15% 
1 TWh de charbon0% 
19 TWh de bois et chaleur à distance9% 
3 TWh des déchets2% 
9 TWh d’autres énergies renouvelables4%Soleil, biogaz, géothermie, vent, etc. consommés directement.

Cette même consommation de 221 TWh (pour 2021) par domaine d’utilisation est la suivante :

67 TWh pour les ménages30.3%pétrole 10%, électricité 50%, gaz 30%, bois 5%, autres renouvelables 5%
43 TWh pour l’industrie19.3%pétrole 10%, électricité 40%, gaz 25%, bois 5%, autres renouvelables 20%
38 TWh pour les services17.3%pétrole 5%, électricité 60%, gaz 25%, bois 5%, autres renouvelables 20%
3 TWh pour l’agriculture1.3%pétrole 30%, électricité 50%, autres renouvelables 20%
70 TWh pour les transports31.8%pétrole 93% (diesel 36%, essence 31%, kérosène 26%), électricité 4%, gaz et autres renouvelables 3%
(chiffres 2019)

Evolution de la consommation annuelle d’énergie finale en Suisse (et dans le monde) :

 SuissePopulationEnergie par habitantMondePopulationEnergie par habitant
191028 TWh3’663’0007’644 kWh   
195047 TWh4’955’0009’485 kWh   
1962100 TWh5’741’00017’419 kWh   
1978186 TWh6’314’00029’458 kWh81’680 TWh4’430’000’00018’437 kWh
1990221 TWh6’631’00033’328 kWh   
2010251 TWh7’870’00031’893 kWh   
2018231 TWh8’544’00027’037 kWh166’861 TWh7’630’000’00021’869 kWh
2021221 TWh8’699’00025’290 kWh   
Cette consommation est identique à 1990 malgré une augmentation de population de plus de 25% entre 1990 et 2021.

Selon les objectifs de la loi, nous avons plus d’une génération pour mettre en œuvre la diminution de notre dépendance aux énergies fossiles (pétrole et gaz représentant 58% de notre consommation énergétique) qui ne seront pas disponibles à l’infini et qui sont dommageables non seulement pour le climat mais aussi (et surtout) pour le vivant, l’air, l’eau et les sols.

En brulant du pétrole depuis un peu plus de 100 ans, nous avons envoyé dans notre atmosphère terrestre plusieurs dizaines de millions d’années d’énergie solaire qui étaient stockés dans les sols.

Il ne s’agit pas d’attendre d’avoir un plan climatique parfait et précis pour prendre le virage et regarder dans une autre direction. Ce faux perfectionnisme, comme la recherche d’une cohérence écologique absolue, tient lieu de procrastination.

Je peux vous assurer que lorsqu’on produit soi-même l’énergie dont on a besoin pour se loger et se déplacer et que l’on est face à la réalité des consommations d’énergie réelles et de ce qu’il est possible de faire pour les limiter, cela donne confiance, enthousiasme et bien de l’espoir pour l’avenir.

Des études récentes, (menées par l’Université des sciences appliquées de Zurich), montrent qu’environ 40 % des surfaces de toitures des bâtiments suisses se prêtent à l’installation de panneaux solaires. Il a été estimé que l’utilisation de ces surfaces permettrait de produire 52 TWh d’électricité solaire par an.

En tenant compte du rapport de rendement au moins trois fois meilleur entre les énergies fossiles et l’électricité, ça serait bien assez pour couvrir les 131 TWh d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) consommées en Suisse en 2021 et cela sans même devoir toucher aux surfaces non construites (paysages).

Et en y mettant de la sobriété comme vu précédemment, ce qui permet de diminuer les dépenses énergétiques d’un facteur supplémentaire de 3 à 10, la marge devient plus que confortable.

Au vu de tout cela, ceux qui prétendent que l’on risque la pénurie en passant aux énergies renouvelables sont des imposteurs.

Par contre et comme toute utilisation massive d’une énergie, passer aux énergies renouvelables aura aussi son lot d’inconvénients. Elles vont notamment demander beaucoup de ressources et beaucoup de place, qui plus est à ciel ouvert. Y mettre de la sobriété est donc plus que nécessaire car le pétrole nous a déconnecté de la réalité et nous devrons tôt ou tard nous y reconnecter. Une utilisation massive des toits des bâtiments existants avec une production décentralisée et une partie d’autoconsommation y aiderait à mon avis beaucoup. Cela autant pour minimiser les infrastructures de transport de l’énergie électrique que pour utiliser les surfaces déjà construites, et ceci tout en responsabilisant chacun sur sa propre consommation.

Un élément restant (et pas des moindres) pour permettre à la Suisse de devenir énergétiquement autonome et neutre en carbone d’ici 2050 sans nucléaire, est de pouvoir lisser la production et la consommation entre les mois d’été et les mois d’hiver. Mais avec nos barrages et nos centrales de pompage-turbinage qui devront vraisemblablement encore être développées, nous avons tout pour faire. Ceci au contraire de beaucoup d’autres pays où cela est beaucoup plus compliqué, sans énergie nucléaire notamment.

L’installation de panneaux solaires sur les toits, le changement des chauffages, l’isolation des bâtiments, la réutilisation des batteries de véhicules électriques en stationnaire et le recyclage de ces mêmes batteries sont autant d’éléments qui constituent une formidable opportunité de développement des métiers et des emplois en Suisse.

La loi soumit au vote donne une direction à prendre pour les années 2030, 2040 et 2050 sur la base des accords de Paris ratifiés par la Suisse en 2015 et qui est la seule direction viable à long terme.

Il y a bien sur pleins de défis à relever notamment en termes d’innovation, d’investissement et d’évolution des comportements de consommation notamment. Mais c’est un pas dans la bonne direction, permettant de donner de l’espoir pour notre jeunesse et porteur d’un avenir beaucoup plus durable qu’il ne l’est aujourd’hui.

Je vous invite ainsi à voter OUI le 18 juin 2023 à la loi sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique.


En plus de mes lectures diverses et variées, réflexions et analyses personnelles sur le thème de l’énergie, vous trouverez ci-après les sources particulières m’ayant aidées à la rédaction de cet article :

  • Le monde sans fin par Jancovici – Blain (2021)
  • Manifeste pour une écologie de l’espoir par Antonio Hodgers (2023)
  • Site Internet « toitsolaire.ch » de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN)
  • Sites Internet de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et celui de l’Office fédéral de la statistique (OFS)

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